MOYSSON, Émilie (née en 1977)

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[EMILIEMOYSSON.COM] Emilie Moysson est née à Libourne en 1977. Diplômée en 2001 en photographie prise de vue de l’école des Gobelins à Paris, c’est aux Studios Daylight qu’elle perfectionne son intérêt pour la lumière auprès de photographes de mode, de portrait et de nature morte comme Eric Traoré, Benny Valsson, Philippe Salomon entre autres.

En tant que portraitiste, elle réalise en 2007 les photographies des réalisateurs Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud pour le dossier de presse du film Persepolis, elle collabore ensuite avec des magazines d’art, de cinéma, de musique et différentes maisons de disque. En 2012, elle réalise un documentaire sur l’artiste Claude Lévêque, avec le soutien de la DRAC, aujourd’hui elle réalise, filme et monte elle-même des portraits et clips de musique. Elle enseigne par ailleurs la photographie et dirige des ateliers pour l’école des Gobelins et Lignes & Formations.

Parallèlement, Emilie développe un travail artistique plus personnel, dans lequel elle cherche durant ses voyages à travers le monde, le moment où le merveilleux apparait dans la réalité crue, à l’affût d’un point de vue qui laisse le spectateur à l’abri “les images magiques [d’Emilie Moysson] pansent pareilles à des pensées magiques ou des mantras vitrés” (Julie Coutureau, artiste plasticienne, à propos de Are you hoping for a miracle ?).

La vue, l’angle, le cadre, la lumière, lui permettent de servir la quête ou la création d’un instant extra-ordinaire qui permettra au spectateur de décrocher “(…) Marche, flotte, vole, peu importe pourvu que tu lâches prise sur un champ de pesanteur en position satellite, la vue feutrée sans gravité. Pourvu que ça transforme ton sol. Gélatine-dynamite. Gélatine explosive. Claudel te l’a dit : ça te déracinera la cambuse (…).” (Julie Coutureau, à propos de Its so quiet…sh’sh’.)


[RISEART.COM, 7 novembre 2023] Les photographies d’Emilie Moysson sont le fruit de sa recherche constante du moment parfait : celui où ce qui est merveilleux et organique se produit dans la réalité. En maîtrisant les techniques de la photographie, de la mise en scène et de la lumière, elle parvient à capturer des moments simplement extraordinaires.

Portraitiste de formation, Émilie Moysson a réalisé des séances photo de grandes figures du cinéma, de la mode et du journalisme. Elle développe en parallèle une recherche artistique portée sur le sensible, la création numérique, la superposition d’images comme une vraie quête du beau. Retour sur une artiste complète qui a véritablement su imprimer sa patte.

Portraitiste engagée

C’est en 2001 qu’Émilie Moysson obtient un diplôme en photographie – prise de vue à l’École des Gobelins à Paris. Originaire du Sud-Ouest, elle poursuit dans la voie des arts avec pour objectif de se perfectionner auprès de portraitistes, dont les photographes de mode, mais également d’approfondir ses connaissances concernant l’utilisation de la lumière et notamment dans les natures mortes.

Sa nouvelle carrière de portraitiste la conduit à rencontrer de grandes personnalités du monde de l’art parmi lesquelles les réalisateurs Spike Lee, Mathieu Kassovitz, John Malkovitch, mais aussi Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud pour le dossier de presse du film Persepolis. Des musiciens, des acteurs et des journalistes ont par ailleurs croisé la route de cette portraitiste amoureuse de son objectif. Émilie Moysson collabore par ailleurs avec des magazines d’art, de musique, de mode et côtoie régulièrement des créateurs.

Repérer avant de créer

Avant chaque prise de vue se pose la question de l’histoire à raconter. Que dire, comment et pourquoi ? Émilie Moysson s’attache toujours à ce que ses photos véhiculent une idée et traduisent un concept. Lorsque la réflexion sur la préparation de la future prise de vue s’instaure, la photographe s’attache à définir quel outil va lui permettre de capter l’instant.

Appareil argentique, numérique ou Polaroïd, tout est possible pour cette artiste qui se plaît à travailler ses images lors de la prise de vue. Pour la série ItsSOquiet, Émilie Moysson a reshooté en numérique et en argentique des impressions argentiques d’après négatif. La photographe remet en scène ces tirages par l’ajout de sources lumineuses, de gélatines de couleur, par des procédés de surimpressions, d’incrustations de peinture ou de matière.

Il semble fort compliqué aujourd’hui de proposer un concept nouveau, jamais pensé. C’est pour cela qu’il faut donner beaucoup de soi, proposer une sensibilité unique, se lancer dans chaque nouvelle série de tout son être.

Il n’y a pas eu de retouche à l’ordinateur, mais bien deux séries photographiées en deux temps : l’image finale est une seconde photo d’une première photo mise en scène. Tous les effets sont réalisés au moment de la prise de vue et non en postproduction, ce qui explique ainsi l’apparition de brillances ou d’irrégularités sur les formes découpées et posées sur le tirage.

Ses portraits de mode reposent sur un principe semblable. Une réflexion sur le sujet, la portée d’un message, mais aussi sur le lieu qui reste à définir. La photographe repère, définit, évalue la potentialité de chaque lieu. Quel moment, quelle pose permettront de raconter le mieux le modèle ou les créations des designers ? Pour choisir un sujet, c’est une question de variabilité. Le moment, la période, les histoires à raconter, celles de sa vie qu’elle laisse entrevoir en filigrane à travers ses clichés. Surtout, faire décrocher le spectateur de sa réalité, à l’aspirer un instant vers une “quatrième dimension du refuge”.

On fait de l’Art parce qu’on en a envie, parce qu’on en a besoin, mais la finalité du processus est de trouver celui, celle qui comprendra, ressentira et s’appropriera notre œuvre. C’est cet échange qui procure un sentiment si merveilleux qu’il efface tous les doutes !

En parallèle de ses diverses créations pour la mode et le cinéma, Émilie Moysson développe un travail artistique plus personnel et intime, à travers lequel elle retranscrit l’émotion d’une nature morte, comme synonyme d’une beauté retravaillée. Au détour de ses voyages, elle transporte le regard vers des lieux bienveillants, où elle se perd parfois à la seule découverte. L’artiste investit chacune de ses séries d’une grande sensibilité, elle y apporte du sens sans pour autant écarter le rêve, le merveilleux et l’enchantement.

Les séances de photo, ce sont aussi des rencontres notables, la découverte de personnalités attachantes, parfois un peu cinglées, à la classe folle, des familles parfaitement uniques, des designers géniaux, des vieux copains qui se laissent prendre en photo sur le rooftop d’un nouveau restaurant à Hong Kong, tout autant de souvenirs qui éveillent la sensibilité d’Émilie Moysson et la hissent vers des contrées plus profondes, plus intimes.

Cécile Martet


[INFOS QUALITE] statut : actualisé | mode d’édition : compilation, correction et décommercialisation par wallonica.org | contributeur : Philippe Vienne | crédits illustrations : © Emilie Moysson | visiter le site de Emilie Moysson


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