ARTIPS : Un baiser qui fait tomber des murs

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[NEWSLETTERS.ARTIPS.FR, 7 novembre 2025Où l’on découvre un amour qui refroidit les cœurs. 1989. Le monde a les yeux rivés sur l’Allemagne : le mur qui sépare la ville de Berlin en deux est en train de s’effondrer. Ce moment tant attendu n’est pas seulement politique, il bouscule aussi le monde de l’art…

En effet, quelques mois plus tard, près de 120 artistes issus de 21 pays s’emparent des vestiges du mur. Sur la portion de 1,3 km qui a été conservée, ils expriment l’euphorie de la réunification, mais aussi les espoirs et les désillusions qui l’accompagnent. Peu à peu, leurs fresques transforment ce vestige du passé en East Side Gallery, la plus grande galerie à ciel ouvert du monde. Parmi ces peintures, il y en a une qui marque les esprits…

Dmitri Vrubel, Mon Dieu, aide-moi à survivre à cet amour mortel (25 juillet 1991, East Side Gallery, Berlin) © Joachim F. Thurn – Adagp

Il s’agit de l’œuvre monumentale de 15 mètres carrés peinte par Dmitri Vrubel, un artiste russe. Cette dernière, ironiquement nommée Mon Dieu, aide-moi à survivre à cet amour mortel, met en scène deux anciens dirigeants : on y voit le président de l’URSS, Leonid Brejnev, et son homologue de la RDA (l’Allemagne de l’Est, alors communiste) en train de s’embrasser.

Cette composition s’inspire d’un véritable baiser qui a eu lieu entre eux en 1979. Mais rien de romantique là-dedans ! Ce “baiser fraternel” est en l’occurrence une tradition politique montrant la proximité des deux États. Si Vrubel lui donne sa place sur les restes du mur, c’est donc pour souligner la complicité politique dangereuse et étouffante qui a uni l’URSS et la RDA pendant de longues années. Ce sont justement la chute du mur et la réunification de l’Allemagne qui y ont mis fin !

Très vite, cette fresque devient l’une des œuvres les plus photographiées de Berlin. Après des années d’intempéries et de dégradations, le Baiser a d’ailleurs été restauré en 2009 par Vrubel en personne : une manière de préserver cette histoire… et de rappeler que l’East Side Gallery reste un espace de création.

Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts. (Isaac Newton)

Anne-Violaine Doux


[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : partage, édition, correction et iconographie | sources : newsletters.artips.fr | contributeur : Patrick Thonart | crédits illustrations : ‘Baiser fraternel‘ entre Leonid Brejnev et Erich Honecker à l’occasion de la célébration des 30 ans de la RDA (5 octobre 1979) © dpa picture alliance.


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