BAIWIR : Valérie Nagelmackers (1826-1908) (CHiCC, 2017)

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Valérie Nagelmackers est née le 15 décembre 1826 à Liège. Elle est la fille du banquier Gérard-Théodore Nagelmackers dont la banque fut fondée en 1747 par son arrière-grand-père, rue des Dominicains, sous le régime hollandais. En 1830, le banquier quitte Liège pour s’installer à Angleur, au château acquis en 1814, afin d’éviter les troubles.

La maman de Valérie invitait une petite paysanne, Victorine, pour égayer la vie de sa fille et la familiariser avec le wallon. Les deux amies se promenaient et récoltaient des oeufs à la Ferme 1313 , où fut signée la paix d’Angleur deux ans avant la célèbre paix de Fexhe. Elles se rendaient également à la chapelle située derrière la ferme, appelée à l’époque, chapelle de la Forêt (actuellement chapelle Notre-Dame de Bon-Secours, depuis 1945).

Lors de ces promenades, Valérie demandait souvent à Victorine de réciter quelques poésies qu’elle avait composée, telle Le ruisseau d’Angleur :

Murmure avec ivresse au pied des chèvrefeuilles
Et des jeunes sorbiers aux grappes de corail,
Baise de tes flots bleus les muguets et leurs feuilles,
Sème de tes brillants leur parure d’émail,
Source aux limpides chants, frais miroir, larme pure
Du bonheur qui déborde et ruisselle aux vallons…
Des saules argentés caresse la ramure,
Et voile son sourire avec les cheveux blonds.

Chapelle ND de Bon-Secours © Ph. Vienne

Le 31 octobre 1849, Valérie, âgée de 23 ans, épouse le comte de Stainlein, 30 ans, originaire d’Allemagne mais résidant en Hongrie ;  le 26 juillet 1850 naquit un fils, Herman Otto Ludwig. Herman résida en Belgique, en Allemagne et en Hongrie, Valérie et son fils suivirent le comte, violoncelliste de renom et compositeur, dans différents pays lors de grands concerts. Malheureusement, le comte, de santé fragile, décède en 1867 alors qu’Herman n’a que 17 ans.

En 1874, la mère de Valérie décède et les château est attribué à son frère Edmond, banquier à Liège. Valérie et son fils sont obligés de quitter le château en 1876 et voyagent beaucoup, séjournant à l’hôtel de Suède à Liège, l’hôtel Ninave à Comblain, ainsi qu’à Rome où la comtesse possédait une résidence.

Valérie crée une école à Angleur et, en 1880, la construction s’achève avec l’approbation du pape Léon XIII. Hélas, Herman décède en 1882 à l’âge de 32 ans, à Oneux, chez l’abbé Thiernesse, dans un presbytère où il s’était retiré et qui existe toujours. Valérie s’installe alors définitivement à Comblain-au-Pont où elle achète la Villa des Roches et d’où elle continue à faire le bien (construction d’un ouvroir pour 16 jeunes filles et d’une école gardienne de 50 enfants). Elle recevra, à Comblain, de nombreuses personnalités du monde littéraire, musical et, surtout, humanitaire (Godefroid Kurth, Emile de Laveleye, Jean-Pierre Delville, le cardinal Lavigerie…).

Valérie Nagelmackers décède en 1908. Peu de personnes assistent à ses funérailles à Comblain mais, à l’office qui suivit dans la nouvelle église d’Angleur, une foule énorme lui rendit hommage. Le monument funéraire de la famille Nagelmackers se trouve au cimetière de la Diguette à Angleur mais, étrangement, les gravures des noms ne reprennent ni le nom de Valérie ni celui de son fils.

Rappelons aussi le rôle du neveu de Valérie, Georges Nagelmackers, qui, parti à l’âge de 22 ans pour New-York où il découvrit les trains de luxe de monsieur Pullman, revint à Liège et fonda en 1872 la Compagnie des Wagons-lits, avec l’appui du roi Léopold II.