Faut-il nourrir les oiseaux en été ?

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[LPO, 18 mars 2022] Le nourrissage des oiseaux est pratiqué l’hiver par des millions de personnes dans leur jardin ou sur leur balcon, et il est bien souvent vital pour de nombreuses espèces durant cette période de pénurie alimentaire. Un nourrissage permanent peut cependant avoir des conséquences néfastes et mettre en danger certaines populations d’oiseaux.

Ainsi, la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux française) conseille aux Français de nourrir les oiseaux uniquement en période de froid prolongé, soit en général de la mi-novembre à fin mars. Dès que le printemps s’installe, les oiseaux commencent à établir leur territoire et débutent la construction de leur nid ou recherchent la cavité où ils pondront leurs œufs. S’il est alors tentant de les attirer aux mangeoires pour mieux les observer, la mise à disposition de nourriture n’est plus nécessaire, la nature fournissant suffisamment d’aliments “de saison” à l’avifaune, y compris dans les villes. Continuer de nourrir les oiseaux peut même devenir contre-productif et leur nuire.

Si vous n’avez pas encore commencé le processus de sevrage, il est désormais temps de réduire petit à petit les quantités, afin de stopper tout nourrissage au bout de 7 à 10 jours. Cet arrêt est important car les lipides des graines ou des boules de graisse ne sont pas adaptés aux futurs poussins qui doivent être nourris exclusivement de protéines. De nombreuses espèces deviennent ainsi insectivores. D’autre part, la dépendance à un lieu précis de nourrissage doit cesser pour inciter les oiseaux à chercher par eux-mêmes la nourriture la plus adéquate à leur biologie. En revanche, l’apport d’eau est utile tout au long de l’année.

Risques de transmission de maladies

En période chaude où la prédominance des maladies est plus forte qu’en hiver, le rassemblement d’individus de différentes espèces autour des points de nourrissage peut favoriser la propagation de plusieurs infections telles que la salmonellose, qui affecte notamment les verdiers et les pinsons. Même en hiver, pensez à nettoyer régulièrement les mangeoires et les abreuvoirs pour en améliorer l’hygiène, en favorisant les désinfectants naturels (huile d’arbre à thé, vinaigre…) !.

Un effet sur les taux de prédation

La concentration engendrée par le nourrissage peut faire augmenter les taux de prédation par des animaux sauvages (épervier d’Europe) ou domestiques (chats). Dans tous les cas, il est toujours bon d’appliquer quelques règles de précaution comme disposer les mangeoires dans des endroits dégagés, avec un accès facile à des perchoirs en hauteur, pour éviter la prédation par les chats.

Perturbations physiologiques

Plusieurs études ont démontré que des couples ayant accès à plus de nourriture pondaient plus tôt. La demande énergétique des poussins est ainsi décalée par rapport au pic de disponibilité alimentaire, ce qui peut entraîner une surmortalité juvénile. De plus, beaucoup de jeunes oiseaux deviennent insectivores au cours du printemps et un nourrissage prolongé peut perturber leurs habitudes alimentaires alors qu’ils doivent justement apprendre à se nourrir par eux-mêmes en capturant des insectes.

Chez le Kakapo, un perroquet très rare endémique de Nouvelle-Zélande, il a par ailleurs été observé qu’un nourrissage fréquent des femelles reproductrices avait pour conséquence une profonde altération du sex-ratio avec la production quasi-unique de poussins mâles. Même si les connaissances sur le sujet ne permettent pas de généraliser, il ne faut pas exclure la possibilité que le nourrissage en période de reproduction puisse engendrer un piège écologique et/ou évolutif dans certaines situations.

Altération de la composition de la communauté aviaire

Toutes les espèces ne bénéficient pas équitablement du nourrissage, que ce soit en hiver ou en période de reproduction. Si la mise à disposition de suppléments alimentaires est susceptible d’augmenter les densités de quelques espèces, il est aussi possible qu’elle réduise en parallèle, à travers un processus de compétition, les densités d’autres espèces.

Et l’eau dans tout cela ?

A la différence de l’alimentation, vous pouvez mettre de l’eau à disposition de la faune sauvage toute l’année. Mais attention, tout comme les mangeoires, il vous faudra veiller à garder les abreuvoirs propres et changer l’eau toutes les semaines du printemps à l’automne afin d’éviter la prolifération de moustiques.


Sittelle torchepot © Benoît Naveau

[PROTECTIONDESOISEAUX.BE, 5 mai 2024] À quelle période de l’année et dans quelles conditions est-il opportun de nourrir les oiseaux ? Le nourrissage des oiseaux des jardins est une pratique courante en Europe, comme dans le monde. En général, celle-ci se déroule en hiver, et de nombreux belges y participent. Le nourrissage est-il bénéfique à d’autres saisons ?

Les arguments mis en avant par les adeptes du nourrissage hivernal sont d’une part une amélioration potentielle de la survie des oiseaux pendant la saison la plus difficile sur le plan des conditions météorologiques, et d’autre part les opportunités d’observations rapprochées, dont le potentiel éducatif est élevé. L’apport de nourriture en période hivernale est constitué essentiellement de mélanges de graines (tournesol principalement, en général avec du millet, de l’avoine, des arachides, …). Il arrive que ces aliments soient complétés par des graisses en période de gel. Le nourrissage est souvent effectué à partir du mois d’octobre jusqu’en mars. La plupart du temps, il prend fin au printemps juste avant la période de nidification. En effet, en cette période, les oiseaux sont plus territoriaux et abandonnent en grande majorité les mangeoires.

La Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux est parfois interrogée concernant le prolongement de la période de nourrissage de nos amis ailés. Cette prolongation aurait lieu pendant la période de reproduction afin d’enrayer le déclin observé des populations d’oiseaux.

Conséquences du nourrissage en période de reproduction

Le nourrissage en période de nidification peut avoir pour effet positif un avancement de la date de ponte, ce qui est souvent associé à une ponte d’œufs plus importante et donc plus de jeunes à l’envol. Par contre, le nourrissage en période de reproduction comporte plusieurs effets négatifs.

Tout d’abord, la qualité nutritionnelle de la nourriture fournie artificiellement est inférieure à celle des aliments naturels que les oiseaux se procurent dans la nature (chenilles, insectes, …). Il est donc primordial de prendre en compte la qualité des aliments pour que ceux-ci soient bénéfiques aux oiseaux. Les aliments déshydratés fournis via les mangeoires ne peuvent servir que de complément, car les oisillons ont besoin de nourriture humide pour s’hydrater (leurs parents ne leur apportent pas d’eau).

Un autre élément important est la transmission d’agents pathogènes. En effet, le rassemblement d’oiseaux autour des mangeoires, même si elle est moindre en période de reproduction, favorise le développement de maladies. Les températures plus élevées au printemps augmentent les risques de transmission. Il a été démontré que la trichomonose contribue à la diminution de la population du Verdier d’Europe par exemple. De plus, un nourrissage pendant la période de nidification peut affecter la synchronisation du comportement reproducteur des oiseaux avec la disponibilité des ressources alimentaires. En effet, ce nourrissage induit une ponte et une éclosion des oisillons plus hâtive, ce qui peut avoir pour conséquence une inadéquation entre le pic de ressources alimentaires (arthropodes, insectes…) et la demande énergétique des poussins.

Le nourrissage pourrait également avoir un effet sur l’évolution des espèces. A titre d’exemple, en Nouvelle-Zélande, il ne restait que 200 individus de Strigops kakapo. Un nourrissage systématique des femelles reproductrices a alors été organisé pour favoriser la reproduction. Résultat : les femelles ont vu éclore une majorité de poussins mâles.

Favoriser un jardin naturel et limiter le nourrissage aux périodes de grand froid

Nous conseillons donc de limiter le nourrissage à la période la plus froide de l’hiver (quand les températures sont négatives ou légèrement au-dessus de 0°C), en arrêtant progressivement le nourrissage dès que les températures remontent. Afin d’accueillir les oiseaux dans un jardin, nous conseillons plutôt d’aménager ce dernier le plus naturellement possible afin qu’ils puissent y trouver tout ce dont ils ont besoin, toute l’année. Par exemple, les buissons et les haies sauvages d’espèces indigènes fournissent des baies, des graines et des insectes. Les vergers procurent des cavités mais aussi des fruits. Les prairies de fauches ou fleuries sont de véritables terrains de chasse pour les oiseaux. Une mare permet aux oiseaux de s’abreuver et de se baigner, mais également de se nourrir des insectes qui y sont attirés.

Le meilleur moyen d’aider les oiseaux est d’aménager un jardin naturel :
        • Stopper l’utilisation des pesticides et des insecticides.
        • Planter une haie sauvage en évitant de la tailler en période de nidification.
        • Éviter de tondre l’entièreté de la pelouse.
        • Si le terrain le permet, planter un verger.
        • Semer une prairie de fauche ou fleurie.
        • Installer une mare.

 

En Afrique, les oiseaux et les humains ont appris à collaborer pour trouver du miel

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[SCIENCESETAVENIR.FR, 11 décembre 2023] Au Mozambique et en Tanzanie, des humains sont guidés par des oiseaux nommés Grands Indicateurs pour trouver du miel d’abeilles. La communication entre eux est le résultat d’une coévolution culturelle, permettant aux oiseaux de reconnaître les appels humains dans leur zone géographique.

Dans de nombreuses régions d’Afrique – comme en Tanzanie et au Mozambique –, des chasseurs de miel lancent des appels bien particuliers à un oiseau brun de la taille d’un étourneau, dont le plat favori est la cire d’abeille. L’oiseau, nommé Grand Indicateur (Indicator indicator, ou Honeyguide en anglais) et endémique d’Afrique, répond en poussant des cris et les guide jusqu’aux essaims d’abeilles nichés au creux des arbres. Les chasseurs de miel, grâce au feu, enfument les abeilles puis ouvrent le nid, rendant accessible le butin de chacun. Du miel pour les humains et de la cire pour les oiseaux.

Des chercheurs ont étudié cette collaboration fructueuse entre humains et animaux sauvages, dans une étude publiée dans la prestigieuse revue Science le 8 décembre 2023. Ces travaux montrent que les Grands Indicateurs, surnommés à juste titre “guides de miel“, font la distinction entre les différents appels de chasseurs de miel, répondant beaucoup plus facilement à ceux qui proviennent de leur propre région. À l’aide d’enregistrements, Claire Spottiswoode, biologiste de l’évolution à l’université du Cap (Afrique du Sud), et Brian Wood, anthropologue à l’université de Californie à Los Angeles (États-Unis), ont examiné ces signaux, leur utilité pour les humains et leurs effets sur les oiseaux.

Un exemple rare de coopération entre animaux sauvages et humains

Ces chercheurs se sont intéressés à deux groupes de chasseurs-cueilleurs : les Hadza, un clan de nomades d’environ un millier de personnes vivant dans le nord de la Tanzanie, et les Yao, une autre ethnie de chasseurs-cueilleurs d’Afrique australe, vivant principalement au Mozambique, au Malawi et en Tanzanie. Les chasseurs de miel Hadza utilisent un sifflement mélodique pour communiquer avec les Grands Indicateurs, tandis que les chasseurs de miel mozambicains Yao se servent d’un trille bruyant, suivi d’une sorte de grognement – de type “brrr-hm”.

Les chercheurs ont constaté que les Grands Indicateurs des collines de Kidero, en Tanzanie, sont trois fois plus enclins à coopérer après avoir entendu un sifflement des Hadza plutôt qu’un appel des Yao, considéré comme “étranger”. À l’inverse, les Grands Indicateurs de la réserve spéciale de Niassa, au Mozambique, sont presque deux fois plus susceptibles de collaborer après avoir entendu un trille suivi d’un grognement des Yao plutôt qu’un sifflement “étranger” Hadza.

Le cri local a plus de chances d’être écouté
Indicator indicator © Gisela Gerson

Pour ces scientifiques, ce phénomène est un exemple de “coévolution culturelle” de la communication : les humains d’une région ont plus de chances de réussite s’ils s’en tiennent au cri utilisé localement, car les oiseaux de cette région sont à l’écoute des signaux humains locaux. Les humains qui utilisent un cri différent ont moins de chances d’attirer des oiseaux qui les guideront jusqu’au miel. “Une fois que ces traditions culturelles locales sont établies, tout le monde – oiseaux et humains – a intérêt à s’y conformer, même si les sons eux-mêmes sont arbitraires”, assure Brian Wood dans un communiqué de presse.

“Cela profite aux deux espèces”

“Tout comme les humains du monde entier communiquent en utilisant un éventail de langues locales différentes, les populations d’Afrique échangent avec les Grands Indicateurs en utilisant un éventail de sons locaux différents”, explique Claire Spottiswoode dans un communiqué de presse. À l’instar des différentes langues humaines, ces cris déterminés par la culture véhiculent une signification sous-jacente : ils signalent le désir de s’associer à l’oiseau pour trouver du miel.

Une fois qu’une ruche sauvage est découverte, les humains utilisent de la fumée pour maîtriser les abeilles et l’ouvrir afin d’en récupérer le miel, tandis que les oiseaux se délectent de la cire d’abeille (qu’ils digèrent parfaitement) et des larves, désormais accessibles. Car leurs petits becs ne leur permettent pas d’ouvrir les nids. C’est du donnant-donnant. “Cela profite aux deux espèces. Cela permet aux chasseurs de miel d’attirer des Grands Indicateurs pour leur montrer les essaims d’abeilles difficiles à trouver, et aux Grands Indicateurs de choisir un bon partenaire pour les aider à atteindre la cire”, analyse Claire Spottiswoode.

Ce phénomène rare est l’un des cas les mieux documentés de coopération entre humains et animaux sauvages. “Les appels ressemblent vraiment à une conversation entre les oiseaux et les chasseurs de miel, tandis qu’ils se dirigent ensemble vers un nid d’abeilles”, ajoute-t-elle. “C’est un immense privilège d’assister à la coopération entre les humains et les Grands Indicateurs.”

Emma NICOLAS, Science & Avenir


[INFOS QUALITÉ] statut : validé | sources  : sciencesetavenir.fr | mode d’édition : partage, décommercialisation et iconographie | commanditaire : wallonica.org | contributeur : Philippe Vienne | crédits illustrations : © Claire Spottiswoode/AFP ; Gisela Gerson


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Bernache du Canada (Branta canadensis)

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[…] La Bernache du Canada, cette grande oie typée d’environ 1 mètre, herbivore, au bec et aux pattes noires, au corps gris-brun et à la gorge et aux joues blanches, est une espèce d’oiseau d’eau introduite en Angleterre dès le XVIIe siècle comme oiseau d’agrément. C’est ensuite à des fins cynégétiques que s’est poursuivie son introduction à travers toute la Grande-Bretagne, puis dans de nombreux pays d’Europe tout au long du XXe siècle.

[…] Sa présence a de nombreuses conséquences néfastes pour l’homme : pollution des eaux de baignade, réduction des productions fourragères, dégradation des prairies ou des espaces verts, transmission potentielle de maladies à l’homme, sécurité aérienne ou encore impact sur la flore et les autres espèces d’oiseaux (compétition avec les espèces autochtones, hybridations).

Dans les associations internationales comme l’EAWA (Accord sur la conservation des oiseaux d’eau migrateurs d’Afrique-Eurasie), elle figure en deuxième position dans la liste des espèces ayant le plus d’impacts sur le fonctionnement des écosystèmes en Europe, et pour le programme DAISIE (Delivering Alien Invasive Species Inventories for Europe) elle appartient à l’une des cent espèces (dans l’ensemble des espèces animales, végétales ou fongiques) réputées les plus préoccupantes d’un point de vue environnemental, sanitaire, social et économique en Europe…”

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